Avec Nowhere Land, Lux Prima et Nadeem Din-Gabisi signent une œuvre à la fois intime et monumentale. Le morceau s’ouvre sur une atmosphère suspendue, tissée de voix samplées, de synthés brumeux et de percussions grondantes. Tout semble flotter entre rêve et souvenir, comme si chaque son cherchait à retrouver une trace d’identité perdue.
Nadeem Din-Gabisi, poète et rappeur londonien, prête à cette traversée un texte d’une beauté fragile. Il y parle de filiation, de mémoire, de la confusion d’être à la fois héritier et créateur de soi. Entre culpabilité, émerveillement et désarroi, il dresse le portrait d’un homme face à son propre héritage — cet espace entre transmission et affranchissement. On y sent la pudeur d’un père qui contemple une vie nouvelle, tout en affrontant les échos de la sienne.
La production, façonnée par Lux Prima dans son studio de l’Est londonien, impressionne par sa précision. Derrière cette architecture sonore dense, chaque pulsation semble respirer. La voix cristalline de Dani Croston traverse le morceau comme un fil d’argent, éclairant ce tumulte intérieur.
Nowhere Land n’est pas seulement un titre : c’est une terre d’entre-deux, un espace de désorientation où l’on apprend à se reconnaître autrement. Lux Prima et Nadeem Din-Gabisi y transforment la perte en matière poétique et l’électronique en introspection. Une pièce d’art sonore qui touche autant qu’elle bouscule.

