Dans l’univers foisonnant de la scène musicale actuelle, il y a des artistes qui parviennent à se forger un monde bien à eux, loin des sentiers balisés. Madeleine Rose Witney en fait indéniablement partie, et son dernier titre, « Shine », en est une preuve éclatante. Loin d’être une simple berceuse nocturne, le morceau se révèle être une composition complexe et nuancée, où la délicatesse de la mélodie côtoie la dureté de la réalité.
Dès les premières notes, « Shine » nous plonge dans une atmosphère onirique, presque feutrée. On se laisse porter par cette mélodie qui, de prime abord, pourrait sembler légère et enjouée. Pourtant, sous cette façade lumineuse se cache une vérité plus sombre, un poids qui se révèle au fil des paroles. Witney met en scène une figure féminine, marchant seule dans la nuit, confrontée à la fois à sa vulnérabilité et à son courage. C’est un tableau où le mythe et le quotidien se rencontrent, un hommage poignant à la résilience et à la force que l’on doit mobiliser pour se sentir en sécurité.
L’artiste elle-même a expliqué que « Shine » a été pensé comme un hymne pour celles et ceux qui peuvent se sentir vulnérables. Elle y évoque l’idée d’une présence angélique qui guiderait le chemin, tout en soulignant avec une honnêteté désarmante le fait qu’il est encore trop souvent risqué de marcher seule. La force du morceau réside justement dans cette dissonance volontaire : une musique « joyeuse » pour porter un message puissant et grave. Comme elle le dit elle-même, l’intention peut passer inaperçue pour certains, mais pour ceux qui reconnaîtront la phrase « can this fist full of keys save you on this balmy eve » (cette poignée de clés peut-elle te sauver en cette douce nuit), le morceau prend une dimension personnelle et profonde.
Avec ce titre, Madeleine Rose Witney confirme son statut d’artiste à part. Sa musique est souvent comparée à celle de Jessica Pratt ou de Weyes Blood, des artistes qui ont elles aussi créé des univers singuliers. Mais avec « Shine », elle trace son propre sillon, un lieu où le glamour d’une autre époque, les ombres du West End et une émotion brute se mêlent avec un sens du drame singulier.

                                    