Il y’a quelques semaines nous vous avions parlé de la série de photos publiée par Mattia Vacca. Le photojournaliste italien s’était intéressé au carnaval de Schignano, un événement aux rituels étranges qui se passe dans un petit village niché dans les environs du lac de Côme . Il nous en avait livré les secrets via des images très surprenantes publiées dans un livre autoédité intitulé A Winter’s Tale que vous pouvez commander ici : www.deliciouseditions.com
Le travail de Mattia Vacca revient généralement sur les problèmes sociaux et les conséquences des conflits armés à travers le monde. Ce qui lui a valu des publications dans de nombreux journaux et magazines européens comme The Guardian, The Telegraph, The Independent, France Soir, BBC, VICE, La Repubblica, le Daily Mirror et une dizaine d’autres.
Il a également remporté plusieurs prix dont le Sony World Photography Awards, l’Unesco Humanity Photography Awards et plus récemment The Others Hundred « Educators » de Hong Kong.
Nous avons eu l’occasion de discuter quelques instants avec photojournaliste pour en savoir un peu plus sur son travail.
1- Qui est Mattia Vecca ?
Je suis un photojournaliste et photographe documentaire italien. Je suis diplômé en science de la communication avec une spécialisation en journalisme et cinéma. J’ai travaillé pendant dix ans pour le journal italien « Il Corriere della Sera » comme « Staff photographer » couvrant les nouvelles de dernière heure dans le nord de l’Italie. Mais depuis deux ans, je suis complètement indépendant et je travaille avec diverses publications internationales.
2- Vous avez assisté au carnaval de Schignano. Que pouvez-vous nous en dire ?
C’est un événement qui se passe au milieu des forêts de conifères et des alpages dans le village de Schignano qui s’intègre parfaitement dans les montagnes en face du lac de Côme. Il raconte une Italie archaïque où la tradition se perpétue avec fierté. Ce n’est pas du folklore comme certains pourraient le penser, c’est la vraie vie pour les habitants du village. Ce carnaval est sûrement la tradition la plus ancienne du coin et tient ses racines dans un passé très lointain quand les hommes quittaient le foyer familial pour migrer. Un destin inévitable qui devait durer neuf mois. La fin du carnaval consacre ainsi le départ de ces hommes et la solitude des femmes.
C’est une fête spontanée, anarchique, sans règles ni lois écrites qui ne continue à exister que grâce à l’esprit du peuple et aux artisans qui cèdent les masques en bois.
3- Est-ce que vous connaissez dans le monde un événement similaire ?
Tous les carnavals alpins ont des similitudes, en Italie et dans le reste de Europe. Il y’en a également dans les montagnes de Roumanie, en Autriche et même au Japon. La particularité, le caractère unique de celui de Schignano réside dans l’histoire, celle de l’émigration que raconte chaque élément, chaque détails, chaque symbolique.
4- Vous avez déjà remporté de nombreux prix, exposé dans de nombreux pays dans le monde. Quel place occupe A Winter’s Tale dans votre parcours ?
C’est vrai que A Winter’s Tale n’est pas le plus connu de mes travaux. Je dirais que c’est S’Ardia . Une série sur une course de chevaux qui a lieu dans la région montagneuse de Barbagia en Sardaigne. Les photos sont disponibles sur mon site internet. C’est avec ce travail d’ailleurs que j’ai remporté le Sony World Photography Awards et un Royal Photographic Society Awards.
Il faut dire que A Winter’s Tale m’a permis d’exposer à la Biennale d’Art de Kaunas en Lituanie. Ce qui est clairement mon exposition la plus importante jusqu’à présent. Surtout, j’avais été invité à présenter le projet du livre à la conférence TEDx et ce fut un grand honneur. Il m’a également ouvert les portes de la photographie artistique en plus de mon activité de photojournaliste.
5- Est-ce que A Winter’s Tale vous a donné envie de refaire une série artistique de ce type ?
Normalement, je ne traite que des sujets photojournalistiques au sens strict, ce sujet est atypique pour moi. Ma spécialité c’est surtout les questions sociales et les conséquences des conflits armés dans le monde. J’ai beaucoup travaillé en Bosnie et mon dernier reportage concerne les jeunes militaires lituaniens et la situation à la frontière avec l’enclave russe de Kaliningrad. En avril prochain je partirai dans le Caucase avec en tête diverses histoires que je veux photographier.
Est-ce que je vais refaire une série de ce type ? je ne sais vraiment pas, maintenant que je fais de la photographie artistique, pour quoi pas…
6- Est-ce que vous avez prévus d’exposer en France ?
En 2015 j’avais été invité à exposer au festival de Castelfranc dans la commune de Cahors. Ça avait été une merveilleuse expérience, un festival intime avec d’autres photographes de talent et les organisateurs qui étaient de très bonnes personnes.
Je voudrais vraiment exposer à Paris et je serais heureux si les journaux et magazines français publiaient ce travail. Celui sur les écoles primaires en Chine Rurale a par exemple déjà été publié en France et j’adorerais que A Winter’s Tale connaisse le même desttin.