Sous les lueurs tamisées d’un rêve aux contours flous, Dark Eyes s’impose comme une brûlure lente. RÊVERIE y explore les recoins de l’attachement, du trauma et du désir avec une précision presque chirurgicale, sur fond de reggaeton ralenti et de textures alt-pop profondément immersives. C’est un morceau qui se glisse dans les veines comme une confidence à peine murmurée — ou une cicatrice qu’on choisit enfin de regarder en face.
La voix de la frontwoman, à la fois sensuelle et vacillante, serpente entre des beats hypnotiques, à la croisée d’un club abandonné et d’une chambre trop silencieuse. Les mots, eux, ne contournent rien. Frontalement, ils parlent de ce qui colle à la peau : les relations qui étouffent, les attachements qu’on traîne, les élans qu’on n’arrive pas à éteindre.
Pensé et produit par l’artiste elle-même, Dark Eyes évoque sans détour une fusion entre FKA Twigs et ROSALÍA, mais sans pastiche : RÊVERIE trace sa propre ligne, flirtant avec les codes sans jamais s’y enfermer. Le résultat est à la fois magnétique et brut, moite et fragile, parfait pour les heures floues où les pensées dansent en silence.
Dans cette esthétique moody, presque cinématographique, Dark Eyes ne cherche ni l’effet facile ni la surproduction. Il parle vrai. Et c’est précisément ce qui le rend inoubliable.

 
                                    