Avec “Spring”, Silly Boy Blue tisse une nouvelle page de son journal intime sonore. Deuxième extrait de l’EP Goodbye Matters, cette chanson s’inscrit dans une démarche narrative où les saisons deviennent les métaphores d’un deuil en mouvement. Après “Summer 1”, premier chapitre dévoilé en mai, voici venu le temps du frémissement, celui d’une douceur timide qui n’efface pas encore les blessures.
La voix d’Ana Benabdelkarim se glisse ici dans un écrin minimaliste, presque à nu. Piano discret, atmosphère cotonneuse, et cette façon de chanter comme on ouvre à peine la bouche pour ne pas déranger. “Spring” ne cherche pas à éblouir, mais à apaiser. L’émotion circule entre les mots, dans les silences aussi. Tout semble fragile, mais tenu, comme un fil qu’on ne lâche pas.
Plutôt qu’un printemps éclatant, Silly Boy Blue dessine une saison suspendue : celle des hésitations, des recommencements à peine esquissés. On ne guérit pas en un jour, elle le sait. Mais dans cette ballade alt-pop, une chose affleure : l’envie, même ténue, de s’extraire du chagrin.
Portée par une esthétique cinématographique et une sincérité désarmante, l’artiste continue de creuser ses thèmes fétiches – la perte, la mémoire, l’intime – avec une justesse rare. “Spring” n’a rien d’un cri : c’est un souffle. Et parfois, un souffle suffit à faire renaître.