Avec The Roommates, Eleanor Idlewood offre bien plus qu’un simple clin d’œil à la synthwave des années 80. Elle tisse une chronique nocturne, moelleuse et effervescente, où l’intime se glisse derrière les rideaux d’un quotidien en apparence banal. Il y a quelque chose de doucement subversif dans ce morceau : une tension sensuelle feutrée, une ironie délicate, un refus discret mais tenace de se plier aux regards normatifs.
L’histoire de Sonny et Flint, ces colocataires que les voisins imaginent sans histoires, prend des allures de fable queer — celle des amours invisibles, codées, mais profondément vécues. On entend presque les pas dans le couloir, les éclats de rire étouffés, les soupirs de tendresse volés à la routine. Ce sont ces petits riens, ces silences lourds de sous-entendus, que la chanson capture avec justesse, dans une production veloutée et nostalgique.
Idlewood réussit le tour de force de rendre hommage à une époque — celle des claviers vaporeux et des slows à l’ombre des boules à facettes — tout en y injectant une fraîcheur narrative contemporaine. Rien n’est crié, tout est suggéré. Et c’est là que réside la force du titre : dans ce mélange de pudeur et de liberté.
The Roommates s’écoute comme on feuillette un journal intime laissé sur une table, entre deux cafés. Il est question d’amour, de regards, et d’un besoin universel : exister, sans devoir s’expliquer.