C’est un cri du cœur, feutré mais saisissant, que vampireluvr fait résonner avec « Broken », l’un des morceaux phares de son tout premier EP. Dans la lignée des héroïnes de l’art-pop et du trip-hop – Florence and the Machine, Bat for Lashes, Portishead – la jeune artiste trace son propre sillon, avec une voix aérienne et des textures sonores à fleur de peau.
Dès l’introduction, le titre installe un climat suspendu. Un battement discret, une nappe synthétique et déjà, cette voix qui plane, diaphane, presque spectrale. vampireluvr ne chante pas : elle habite les silences, glisse entre les notes comme on traverse un souvenir. Ses lignes vocales, élégantes et sinueuses, traduisent une fragilité assumée, un cœur fissuré qui bat encore – et peut-être plus fort.
La production, soignée jusqu’au moindre détail, privilégie l’épure : chaque son semble pesé, comme s’il ne fallait rien brusquer. Dans cette retenue naît l’intensité. On pense aux clair-obscurs de Portishead, à la tension dramatique des compositions de Natasha Khan, mais aussi à cette façon qu’a Florence Welch de sublimer l’émotion brute.
Avec « Broken », vampireluvr signe une entrée remarquée dans le paysage musical alternatif. Un titre qui vibre, écorche et apaise à la fois – et qui laisse entrevoir un EP profondément habité. Une artiste à suivre de près, les yeux fermés, les oreilles grandes ouvertes.