Certains albums ne cherchent pas à séduire, mais à frapper fort. Viewing Room appartient à cette catégorie. Derrière ce projet incandescent, le trio d’Anchorage – Reece Caldwell, Tyler Farrell et Jacob Marsh – livre une œuvre à vif, façonnée par la rage et l’urgence. Un disque qui ne triche pas, miroir d’une époque en désillusion. « We are living in hell », entend-on en filigrane, comme un constat amer et lucide.
Dès « Welcome », l’introduction donne le ton : quelques secondes d’un message d’alerte au mégaphone, et l’auditeur comprend que le voyage ne sera pas paisible. Puis « Specimen » surgit, porté par des riffs de guitare tranchants et un drop d’une puissance brute. La batterie s’impose avec autorité, tandis que la voix du chanteur, à la fois charismatique et alarmante, canalise cette énergie rock indomptable.
Avec « Palisades », le groupe ralentit légèrement pour mieux laisser s’exprimer l’instrumentation. Le grain lo-fi et la texture grunge évoquent une sincérité rare, un retour à l’essentiel. On retrouve cette même intensité sur « Mime », où alternent des passages de calme fragile et des montées fulgurantes. La voix y navigue avec une aisance remarquable, domptant la tempête sonore sans jamais en perdre le fil.
« Splitwood » débute dans une retenue trompeuse avant d’exploser en une décharge d’adrénaline. Chaque riff semble jaillir d’une nécessité viscérale. La suite, « Monnie Loki », amplifie la tension : batterie rugissante, voix écorchée, atmosphère électrique. Puis vient « Voyeur », véritable tourbillon de distorsions, où la rage se transforme en transe.
« Causeways » offre un moment de respiration, sans pour autant rompre l’intensité. Ce morceau, plus posé, rappelle l’héritage du rock alternatif des années 90, avant que « Just Garbage » et « Tophet » ne relancent l’assaut sonore, entre chaos maîtrisé et sensibilité à fleur de peau.
Enfin, « Witness » clôture ce voyage cathartique. Le groupe y trouve une forme d’apaisement, sans renoncer à la tension qui habite tout l’album. Viewing Room n’est pas seulement un disque : c’est une déflagration émotionnelle, un cri collectif contre la torpeur du monde moderne, brut, vivant et terriblement humain.