Chez Viika, tout semble naître d’une tension douce entre la parole et le silence. Son nouvel EP, Un concierto sobre el adiós, est un souffle poétique mis en musique, un espace où les émotions s’égrènent sans artifice. Artiste complète, Vera – de son vrai prénom – vient du théâtre et de la performance scénique. Lauréate de plusieurs prix dans des festivals dramatiques, elle a longtemps cherché à prolonger la vie de ses mots au-delà de la scène. La musique s’est imposée à elle comme le prolongement naturel de cette quête : un moyen de faire résonner le texte autrement, dans le temps et dans la chair.
Entièrement autoproduit, l’EP s’ouvre sur “Todo el mundo quiere ser alguien para alguien”, une pièce d’électro minimaliste où chaque son semble suspendu. Des nappes synthétiques flottent comme des halos, tandis que la voix, fragile et directe, se tient au premier plan. Par instants presque parlée, elle glisse sur des pulsations discrètes, évoquant ce besoin universel d’être vu, d’être reconnu.
Avec “Quiero volver a recuperar”, Viika explore une glitch pop feutrée, bâtie sur des synthés granuleux et des glitchs tendres. Le morceau respire la nostalgie, sans lourdeur : le passé y devient texture, souvenir en mouvement. Puis arrive “Morir por ti era especial”, ballade synthétique où romantisme et tragédie s’entrelacent. Une voix masculine répond à la sienne ; ensemble, elles composent une harmonie fragile, comme une lettre d’adieu qui ne trouverait jamais son destinataire.
Enfin, “La verdad se me acumula en las manos”, premier single du projet, inaugure ce voyage sonore avec une intention claire : ouvrir la voie à une nouvelle forme musicale, entre spoken word et électropoésie. Ici, Viika rompt avec la chanson conventionnelle pour privilégier les passages narratifs, les textures sonores et les espaces de respiration. L’expérimentation devient son langage, la poésie son véhicule. À travers cette approche, l’artiste cherche à montrer que la poésie peut être chantée, partagée, popularisée — qu’elle peut toucher un public bien au-delà des cercles artistiques habituels.
Avec Un concierto sobre el adiós, Viika signe un manifeste intime et avant-gardiste. Entre mots parlés et sons suspendus, elle transforme l’adieu en expérience sonore : un poème électro qui réinvente la façon d’écouter la fragilité humaine.
