Certains disques dépassent la simple écoute pour devenir des expériences intérieures. The World You Grew Up In No Longer Exists, le nouvel album de FHMY, en fait partie. Derrière ce nom se cache un musicien solo du Caire qui mêle IDM, math-rock, shoegaze, emo et post-rock, construisant des paysages sonores traversés par la mémoire, la solitude et les traumas personnels. Inspiré autant par Swans que par American Football, il transforme la douleur en un récit musical viscéral.
Dès “Egyptian Football”, morceau d’ouverture, l’album déploie une énergie singulière : guitares familières, chant clair, une structure qui flirte avec la pop et révèle le potentiel d’un single marquant. Puis vient “memoriesyouwillneverfeelagain”, aux teintes indie pop lumineuses. La voix de FHMY s’y pose avec délicatesse, rejointe par des harmonies féminines qui donnent au refrain une dimension entêtante.
La suite bouscule les repères. “You Can’t Live There Forever” plonge dans un univers trip-hop : pas de chant ici, mais un dialogue en arrière-plan, une atmosphère immersive où l’auditeur est happé par la texture sonore. Sur “my blue heaven”, la guitare se fait ronflante, la batterie hypnotique, la voix lancinante, oscillant entre art rock et shoegaze. Enfin, “Do Humans Dream of Electric Sheep?” ouvre la porte à l’expérimental pur, porté par un orgue cosmique et réverbéré, comme une prière suspendue.
En dix titres, FHMY ne se contente pas d’empiler des genres : il bâtit un univers cohérent, intime et brut, où chaque morceau agit comme un fragment de mémoire. Un album à ressentir autant qu’à écouter.

