Découvrez la chanteuse française Lucia Lip en 10 questions (Interview)

Il y’a quelques mois nous avions fait la connaissance de cette artiste française installée depuis de nombreuses années à Berlin. Imprégnée de l’atmosphère créative parfois décadente de la ville, Lucia Lip nous offre une musique puissante, déstructurée, un genre de pop épicé à la noise que nous vous conseillons de découvrir.

La chanteuse qui sera en concert le 30 Novembre prochain à l’Alimentation Générale a décidé de répondre à quelques questions.

1-    D’où viens-tu et comment as-tu commencé la musique?

Je vie et travaille à Berlin, en Allemagne. Je suis originaire de la banlieue parisienne. J’ai toujours eu de nombreux centres d’intérêts et la musique m’a toujours accompagnée. En fait, je trouve qu’on peut trouver de l’excitation en allant au fond des choses auxquelles on s’intéresse, on peut développer de la passion de tout. Celles pour la musique, la création et le partage d’expériences, comme la performance artistique en général sont restés les plus fortes.

J’en tire une certaine force, et je sens qu’en tant qu’individu, comme en tant que Lucia Lip, j’ai beaucoup à partager. Cela implique une grande responsabilité, et la nécessité d’être une source d’inspiration dans ces domaines : je me considère comme une ambassadrice de la performance artistique et de la musique.

 

2-    Te souviens-tu du premier morceau que tu as écrit?

« Palestine boy ». C’est la première chanson que j’ai écrite et enregistrée, à peu près en même temps que le lancement de mon nom artistique.

J’étais arrivée à Berlin, je ne connaissais personne. J’allais dans des magasins de musiques et j’essayais de trouver mes repères dans la ville. Quelques mois après, je suis tombée sur un mec qui avait un studio où je suis allée pour enregistrer le chant et la partie instrumentale. J’ai distribué la démo à des amis. On peut d’ailleurs l’écouter sur Youtube car quelqu’un à qui j’avais donné une démo l’a mise sur ligne.

La chanson est composée juste de ma voix, d’une basse, d’une guitare électrique, d’une haddock couronne, et le beat que j’ai pris directement de celui qui est intégré dans la loopstation (Ndlr : appareil électronique permettant d’enregistrer des boucles musicales en direct). Le morceau est un mix entre chanson pop et garage, avec des cris, et du chant classique. Cette chanson représente la simultanéité de diversité de Berlin. Elle contient mes premières impressions de vie là-bas. J’avais écrit « Palestine boy » après avoir fait la connaissance d’un mec d’origine palestinienne. Je raconte l’histoire d’une personne qui regarde sa vie comme un tas de décombres, divisé entre un désir ardent de connaître une vie meilleure et un imaginaire fait de destructions et de ruptures. Malheureusement il ne vit plus, il ne reste que cette chanson.

 

 

3-    Qu’as-tu appris à ce moment-là qui te sert encore aujourd’hui ?

Le travail artistique. Dans ce cas la musique permet d’une certaine façon, d’effectuer une sorte de « ménage émotionnel ». Ce que j’expérimente dans la vie prend une forme artistique et s’incarne directement comme matériaux pour des créations musicales. Les moments douloureux ne restent pas longtemps au centre de mon attention et toute tristesse se transforme en une sensation de joie et satisfaction.

 

4-    Quel est l’album qui t’a le plus marqué ?

Disons, dans le nouveau millenium, des groupes m’ont évoqué avec une certaine dramaturgie, une grande intensité. Il s’agit de The Paper Chase avec Hide the kitchen knife et The Blood Brothers avec leur album Burn piano island, burn. C’est de la musique dans laquelle il y a constamment du mouvement, très entrainante avec des moments calmes inattendus. J’adore encore cette combinaison de sensation hyper nerveuse, ou avec de la vitesse et de moments de « rédemption angélique »,   peu importe le style musical.

 

5-    Quel est l’artiste qui t’impressionne le plus ?

Le dernier qui m’a vraiment impressionné est Renée van Trier, une artiste de Rotterdam. Sa voix, ses performances artistiques, sa présence me rendent joyeuse.

Elle donne du sens au côté atroce de l’humanité. Comme moi qui aime également montrer l’obscurité, sans me reconnaître dans un certain style. Ça peut être dérangeant : par exemple avec l’image de l’album où l’on voit ma tête avec des fils de cassettes qui sortent de ma bouche. Mais si je sens que c’est ce que je veux exprimer, je ne fais aucun compromis pour favoriser ma popularité. Renée van Trier, elle aussi est sûre de ce qu’elle fait, à très haut niveau. À la première vue, il y’a une certaine morbidité dans tous ce qu’elle fait et en même temps c’est plein d’énergie, de liberté. En tant que femme, Renée van Trier, a une force dans son expression, vraiment rare à trouver. Et sinon j’adore la figure de Stromae.

lucia-lip

6-    Comment décrirais-tu ta musique ?

Electronic Pop Extravaganza.

 

7-    Parle-nous de ton prochain projet ?

J’ai plusieurs chansons sur lesquelles je travaille en ce moment. Musicalement ça se développe dans une direction plus atmosphérique, glamour et plus pop. La majeure partie du premier album par contre est plus pure et directe. Ça tourne beaucoup autour de la vie et de la mort d’une certaine façon.  La prochaine publication montrera LUCIA LIP comme Phénix renaissant de ses cendres. Sur « Your motor » la lumière et la chaleur viennent du charbon qui est encore à l’état de braises chaudes. Mes nouvelles chansons sont inspirées des éclats des étoiles. Elles parlent de grandes forces intérieures, de grandeur, de reconnaissance, qui suit toute déception. En fait, c’est ce qu’on retrouve toujours dans mes chansons. Ce sujet, cette approche presque digne d’un alchimiste, c’est aussi un sujet important dans ma vie. Concernant la date de sortie: L’EP est prévue pour le milieu de l’année prochaine.  Actuellement, je cherche un label pour une coopération. Il y a déjà « Your Motor » à découvrir sur www.lucialip.com. Sur Youtube tu trouves les clips vidéos qui vont avec, que j’ai fait moi-même. Chaque chanson sur l’album a sa propre vidéo.

 

8-    Que veux-tu que les gens retiennent après avoir écouté ton EP?

J’adore voir les grand sourires des gens qui viennent aux concerts. Ils portent un sourire intérieur et extérieur, une confiance en la vie. C’est exactement l’effet que je cherche à faire avec ma musique. Être prêt pour un combat d’amour et d’intelligence, pour surmonter toute tristesse et injustice et créer des expériences de vie plus profonde.

 

9-    Comment décrirais-tu la scène indé Berlinoise ?

A l’âge d’auto promotion tous ceux qui ne s’appellent pas Justin Bieber sont livrés à eux-mêmes. Donc il y a pour chaque genre de musique et scène, des clubs, des bars, des évènements et divers publics, du noise au hardcore, de l’electro trash au black metal.

Pour LUCIA LIP par exemple, ça veut dire que je donne des concerts dans des lieux de musique et à des évènements breakcore/speedcore comme le « Trash `n Core » du fuck off system, par exemple, et en même temps je vais à des fêtes de fin de semestre à l’université des arts par exemple.

 

10- Quels sont les trois groupes indés Berlinois que tu nous recommanderais ?

« Erreur de jeunesse ». Ils n’ont pas encore sorti d’album, mais en live, les deux membres du groupe, Debmaster et Silnaye, créent une belle atmosphère en harmonie avec leur présence joyeuse et modeste. On retrouve un chaos bien organisé dans leurs musiques électroniques. Et il y a « Defeated Sanity » pour la vitesse et le groove dans leur musique style death métal.

Mon numéro trois serait « Hyper realität Konflikt ». Ils sont sur Snapchat. Leur musique se détruit après qu’on l’ait écouté. Bon, disons plutôt, qu’elle semble s’effacer après quelques secondes…

www.lucialip.com

www.lucialip.bandcamp.com

www.facebook.com/LuciaLip

www.youtube.com/lucidario