Le duo franco-cubain, ibeyi, va sortir le 16 février prochain leur premier album éponyme. Un projet très attendu après le succès de leur excellent single « River » qui résonne encore dans ma tête tant l’instrumental et le refrain sont addictifs. C’est donc en blogueur conquis mais critique que j’ai abordé l’écoute de leur album produit par Richard Russell qui a entre autres produit des artistes comme Damon Albarn, The White Stripes ou encore le regretté Bobby Womack. Oui, ibeyi n’a pas fait les choses en petit puisque le groupe a été signé dans l’un des labels indépendants les plus huppés du monde, XL Recordings. Le style musical d’ibeyi (jumelles en yoruba), le travail de leur label avec les jeunes artistes ainsi que la claire voyance de Richard Russell laissait présager un album innovant, recherché et réussi, résultat…
Première écoute et première impression de l’album d’ibeyi…Bof ! Rien de bien bluffant. Il faut dire que les conditions d’écoute n’étaient pas optimums, la terrasse d’un restaurant, un téléphone portable et des écouteurs de qualité moyenne, ce ne sont pas les meilleures conditions pour apprécier un album produit des mois entiers qui a coûté du temps et de l’énergie de la part des artistes. C’est donc lors de la deuxième séance d’écoute et dans des meilleures conditions que je me fais un avis objectif. Un ordinateur portable qui tient la route, un mixer quatre pistes réglé à zéro pour pousser le son, deux monitorings d’entrée de gamme, forcément ça ne sonne pas pareil. Le premier titre de l’album, intitulé Ghost donne le ton. Il y’a du hip-Hop dans ce titre, de la soul, des chœurs en yoruba, des intermèdes piano voix, on est en plein dans ce qui fait le duo, l’originalité. Elles commencent fort et enchaînent avec River que beaucoup de gens connaissent désormais. On est surpris par la maturité artistique et vocale de Lisa et Naomie. Malgré leur jeune âge, 19 ans, les deux artistes ont un long passé musical et ça s’entend. En plus d’être des chanteuses de talent, les jumelles sont musiciennes et jouent du piano depuis toute petite. Lorsque l’on observe la qualité et l’efficacité des titres malgré un mélange improbable de musique cubaine, de pop occidentale, de Hip-hop et de chants tribaux yoruba, on a du mal à croire que le résultat est le fruit d’un hasard. C’est pourtant le cas, en tout cas c’est ce qu’elles nous ont affirmé dans une interview à paraître prochainement dans notre magazine papier.
Yoruba et soul, on est vite tenté par l’envie de classer le duo ibeyi dans la lignée de chanteuses de renom comme Sade ou Nneka qu’elles admirent mais il faut le reconnaître, leur son est complètement différent de celui de leurs aînées. Leur musique est difficilement qualifiable tant elles mélangent des influences divers et de façon très originale. Pour ça XL sait faire puisqu’ils ont entre autres produit des artistes comme The XX qui est un excellent groupe minimaliste mené par Jamie XX et FKA twigs qui a sorti un album R&B expérimental via Young Turks. Ibeyi s’inscrit donc dans cette vibe expérimentale et minimaliste mais qui mélange dans leur cas des influences qui les touchent dans leur chair.
Dans ce premier opus du duo, on retrouve le titre qui leur a permis de signer chez XL, Mama Says. Une chanson qui résonne dans la playlist de ce projet comme un remerciement à la providence mais également comme un écho à leur histoire personnelle. Le duo a du talent et un grand avenir devant lui car on est frappé certes par son niveau et sa maturité artistique mais également par sa marge de progression.
Le premier album du groupe Ibeyi est une pure tuerie, le genre de projet qu’il faut acheter en Cd et qu’on peut réécouter des mois voire des années plus tard car la qualité et la singularité des morceaux passera sans problème le « test du temps ». On souhaite le même chose pour le groupe.
Ibeyi (http://www.ibeyi.fr) est avec Trazaac (http://www.mp3trazaac.com) le nec plus ultra de la musique !