Avec Dreamloop, Mélanie Pain explore les frontières ténues entre la douceur pop et le vertige intérieur. Le morceau s’ouvre comme une caresse lumineuse, où se mêlent folk guitare, basse feutrée et tambourin au rythme presque rituel. L’ensemble évoque la légèreté de Stereolab ou la langueur d’un Sunday Morning du Velvet Underground, tout en laissant filtrer une inquiétude sous-jacente. Derrière les reflets psychédéliques, c’est le poids des pensées qui tournent en rond, cette impression d’être pris dans une boucle invisible – un “dream loop” où l’on s’égare doucement.
Enregistrée en live, la chanson capte l’énergie brute d’un instant collectif. Raphaël Chassin, Oliver Smith, Jérôme Plasseraud et Alexis Anérilles accompagnent la chanteuse avec une justesse rare, entre retenue et spontanéité. Chaque note semble respirer, chaque silence devient signifiant. On y sent le grain de la salle, la proximité des musiciens, l’alchimie fragile d’un moment où tout tient sur un fil. Cette dimension organique donne à la chanson une chaleur presque tactile, loin des constructions trop lisses.
La voix de Mélanie Pain, quant à elle, agit comme une lueur dans la brume. Douce, précise, presque chuchotée, elle évoque l’impuissance face à la douleur d’un être cher. Il y a dans cette interprétation une forme d’incantation – une manière de conjurer la détresse sans la nier, d’offrir une tendresse là où les mots échouent. Le refrain, tel un appel vers la surface, ouvre une brèche dans la torpeur, un instant d’air dans l’étouffement intérieur.
Entre grâce pop et fragilité humaine, Dreamloop se dévoile comme un refuge discret, une chanson-talisman pour celles et ceux qui cherchent à apprivoiser leurs ombres. Mélanie Pain ne s’y contente pas de chanter le trouble ; elle en fait une matière poétique, un espace suspendu où l’on se perd pour mieux se retrouver. Une échappée belle, tout en douceur, au cœur des tourments silencieux.

