Il y a dans « Adorn » ce quelque chose de feutré, de suspendu, qui fait lever l’oreille dès les premières mesures. Le Torontois MKSTN, producteur discret mais redoutablement précis, y livre un morceau aussi texturé qu’introspectif, prélude à son album CONTENT. Plus qu’un simple single, « Adorn » trace une ligne claire : celle d’un artiste en quête d’équilibre entre technologie et émotion, breakbeat et confession.
Derrière les machines, des noms familiers : Chino De Villa (Jessie Reyez) et Braden Sauder (Luna Li), qui ont prêté main-forte pour enregistrer les percussions en analogique, avant qu’elles ne soient découpées, transposées, réassemblées — comme une mémoire fragmentée qu’on tente de recoller. Le résultat est organique, presque tactile.
Une rythmique qui claque sans brutalité, portée par des synthés amples et une voix qui s’interroge : « Do you have the right stuff? » Une phrase anodine en apparence, mais qui résonne ici comme un écho intime, une faille dans l’armure.
« Adorn » est une lettre d’amour au drum and bass, oui — mais c’est surtout une question posée à voix basse, à soi-même, au monde. Et MKSTN y répond non pas en mots, mais en textures.