Il y a chez St. South une manière singulière de parler du chaos intérieur sans hausser la voix. Avec “getting bad again”, Olivia Gavranich, figure de proue de la scène indie électronique australienne, offre une ballade suspendue, taillée dans l’étoffe du trouble mental, de la tendresse et de l’urgence contenue. Première parution de son année 2025, le titre s’inscrit dans une esthétique lo-fi vaporeuse, où les harmonies feutrées viennent épouser une écriture à vif.
“getting bad again” n’est pas une plainte. C’est un murmure lucide, une carte postale envoyée depuis cette zone grise où la détresse revient sans fracas. “Peut-être que tu pourrais rester en vie ?” souffle le refrain. Ce n’est pas une formule : c’est un appel. Car au-delà de l’introspection, St. South évoque aussi la douleur d’avoir frôlé la perte de proches, happés par leurs propres ténèbres.
Le morceau ne cherche pas l’éclat. Il préfère la justesse, la délicatesse, l’espace laissé au non-dit. Il y a dans chaque silence une compassion palpable, un écho à cette fatigue morale qu’on tente souvent de “prendre sur le menton”, comme le suggère la chanteuse.
Alors que son hit “Slacks” approche les 50 millions d’écoutes et fait l’objet d’un concours international de remix, St. South choisit de revenir là où tout commence : dans l’intime, le fragile, le vrai.