De nos jours, voir un artiste hip-hop au premier rang d’un défilé de haute couture n’est plus une surprise. Cette culture qui était auparavant décriée, considérée éphémère, subversive fait aujourd’hui partie intégrante de la culture populaire mondiale. Le hip-hop se décline à toutes les sauces pour plaire à un public très large afin d’exister au plus haut plan, survivre à long terme, et bien sûr faire le plus de profits possible. Cette union qui bouscule les habitudes du milieu de la mode comme l’ont fait jadis les courants rock ou grunge, n’a pas commencé de la meilleure des façons. Bury Me With The Lo On est un mini documentaire réalisé par Tom Gould qui raconte l’entrée des marques de haute couture dans la culture hip-hop.
Depuis le milieu des années 80, Thirstin Howl The 3th, récolte tous les éléments existants sur les Lo Lifes, un gang dont il était le leader. Coupures de presse, vidéos, photographies, vêtements, celui qui était connu dans les années 80 sous le pseudo de Big Vic Lo (Victor DeJesus de son vrai nom), a mis en place une documentation riche qui nous informe sur cette étape méconnue de la culture. En effet, Alors que le Hip-hop sort à peine de la première génération de rappeurs contestataires à la fin des années 80, de nouveaux artistes reprennent le flambeau (LL Cool J, Ice T, Public Enemy, Big Daddy Kane, Eazy E…), assumant en plus et sans complexe leur envie d’être eux aussi des gagnants du capitalisme. Même si au début des 90’s les clips ne sont pas totalement bling bling au sens Cash Monet du terme, les rappeurs exhibent de plus en plus leurs biens. C’est seulement quelques années plus tard que les rappeurs vont délaisser les marques de streetwear pour se montrer vêtus des dernières créations de haute couture pour afficher leur réussite. Cette transition ne s’est pas faite toute seule, le gang de voleurs à l’étalage, les Lo Lifes ont très largement contribué à ce changement.
Né en 1988 de l’union de deux équipes de vol à l’étalage de Brooklyn : Les Ralphies Kids de Crown Heights et des Polo U.S.A de Brownsville, les Lo Lifes deviennent la terreur des magasins de marque de la ville de New-York. Leur cible favorite, les polos Ralph Lauren dont ils vont inonder leurs quartiers. Ils vont installer une culture du polo Ralph Lauren qui va être reprise par dans tous les quartiers de New-York, trouvant finalement un relais auprès d’une nouvelle génération de rappeurs venus de la côte est des Etats-Unis. Le phénomène finira par gagner les quatre coins du globe. Thirstin Howl The 3th l’explique dans un livre intitulé The Polo Rican et vous pouvez dès à présent découvrir un court résumé de cette histoire dans la vidéo ci-dessous :
BURY ME WITH THE LO ON from Tom Gould on Vimeo.