Certains vont le classer dans la case atypique, hippie des temps modernes, doux rêveur ou je ne sais quoi d’autre qui qualifie ceux qui osent sortir des sentiers battus. Fasto est juste un artiste qui vit avec et pour son grand amour qui est l’Art. Il lui permet la compréhension du monde, de ses envies, ses émotions et lui permet une ouverture aux autres.
–Galerie du RER — Un Monde a Explorer — Fasto — from Fasto Art on Vimeo.
Comme pour de nombreux artistes, définir leur travail c’est le catégoriser et restreinte sa portée :
« Je pense que ce que je fais est dur à définit parce qu’il y’a de la peinture, le graffiti, le light painting et beaucoup d’autres choses en même temps. Je recherche avant tout une nouvelle manière de vivre. J’essaie de trouver des techniques, des moyens qui vont me faire vivre des choses et le street art en fait partie ».
Il continue :
« Pour moi, ça ne se limite pas à l’art, ça se passe aussi au niveau de mes pensées, ça a également beaucoup à avoir avec la recherche spirituelle. Je recherche une certaine authenticité, une autre manière d’être moi parce que je sais qu’il y’a tout un tas de constructions qui sont liées à la société, au traumatisme, des choses qu’il faut pouvoir déconstruire ».
Pour Fasto, l’art est également une sorte d’école de la vie qui permet de se voir comme dans un jeu dans lequel tout vient nous parler. Un jeu dans lequel nous rencontrons des personnes qui vont peut-être nous énerver, nous plaire mais à chaque fois, elles vont vous montrer un aspect de nous sur lequel nous pouvons travailler pour nous rapprocher le plus possible du NOUS…donc de l’épanouissement. Impossible donc pour lui de séparer sa vie de son activité d’artiste :
« J’essaie de mêler les deux. J’essaie d’être concerné par les choses qui m’entourent et me touchent parce que j’ai besoin ensuite d’appliquer ça à ma vie et à mon art. C’est à cet instant qu’il devient plus qu’un outil, une sublimation de quelque chose qui me touche. Je connais beaucoup d’artistes qui sont dans la même démarche. En fait, on cherche tous ces moments d’extases, ces instants de vie où tu es dans un amour inconditionnel, dans un bonheur, dans quelque chose qui te fait vibrer, tu sens que tu ne dois pas être ailleurs qu’à cet endroit. C’est l’art qui me rapproche le plus de ces moments ».
Se laisser porter par l’instant de créativité, oublier la technique, Fasto travaille de façon instinctive. Lorsqu’il commence un trait, il ne connait pas sa destination et fait confiance à son intuition :
« Ça m’apprend beaucoup de chose de travailler comme ça. Tu peux appliquer ce principe à la vie. C’est ce que j’essaie de faire en tout cas. Par exemple : Tu dis une parole, ça n’a pas l’effet escompté mais ça va t’emmener quand même quelque part. Ça va avoir des conséquences inattendues. Après cela ne dépend que de toi d’y voir de la beauté ou pas ».
Pour Fasto, tout est création. Tout ou pratiquement est capable à la création et nous ne pouvons pas nous y soustraire :
« Que ce soit par les pensées, le regard, dans la respiration, tout est création. A partir de ce moment, je me demande moi en tant qu’être unique ce que je peux apporter. Le problème est que dans cette société, on est conditionné par le regard des autres. Je pense que ce sont des choses qu’il faut déconstruire. Lorsqu’on déconstruit un truc, on le construit ailleurs. C’est par exemple dans cette volonté que je fais aussi mes créations dans le RER. Moi, l’enfant timide qui me met devant les gens pour dessiner, enlever des pubs et plaquer mes créations. En plus, quand le dialogue se met en place avec les gens qui assistent à la scène, qu’on échange sur différentes choses, c’est à ce moment-là que la démarche de construction complète. Du coup, tu te redéfinis ».
Stéphane, de son vrai prénom a baigné très jeune dans l’art mais il découvre le graff à l’époque où il intègre Steiner. Un établissement à pédagogie alternative qui articule enseignement intellectuels et activités artistiques en vue d’une participation actives à leurs propres apprentissages. Ce n’est que bien plus tard en 2014 que Fasto développe en profondeur sa démarche et son art, dans le lieu culturel alternatif le Ferry à Palaiseau ou il aura son atelier durant deux ans. Ce lieu exceptionnel à depuis été détruit dans son essence par la politique de la mairie ( Les Républicains).
En plus de son travail en atelier, dans la rue ou dans les transports en commun franciliens, Fasto organise des ateliers participatifs pour montrer aux gens que tout le monde est capable de créer. C’est généralement dans le cadre de l’association, La Goutte D’Art créée avec des amis qu’il partage les outils qu’il possède, invite le gens à s’en saisir. C’est également le but des carnets participatifs qui ne le quittent plus :
« J’ai commencé les carnets il y’a quatre ans. Tu sais il y’a beaucoup de gens qui ont peur de l’Art, de dessiner, juste poser quelques traits. Certains se disent que c’est réservé à un type de personne. C’est là où j’ai par exemple un problème avec le mot ARTISTE même si c’est le plus simple pour me définir aux yeux de la société. Aujourd’hui on en a fait quelque chose qu’on met sur un piédestal, qui a un savoir-faire, qui sait mieux faire et qu’on va admirer. C’est pour ça que je me définis très rarement comme artiste, ça dépend de l’interlocuteur parce que ça installe tout de suite un rapport que je n’aime pas. C’est très souvent un rapport de supériorité ou d’infériorité dans lequel l’image de l’artiste est soit dénigré comme un profiteur du système ou soit comme une personne inaccessible. Dans les ateliers que je fais, mon discours ne se limite pas à l’art. J’essaie de dire aux personnes en face de moi que la vie nous donne de multiples possibilités de se trouver par la création. Ça peut être de choses toutes aussi différentes que la création d’un potager, d’une entreprise, d’une association, pleins de choses qui peuvent permettre de se réaliser. Il faut être connecté aux sentiments et aux sensations ».
Au sujet des carnets, il reprend :
« L’idée des carnets est un truc très salvateur pour moi. Je pense que beaucoup d’entre nous ont une grande sensibilité mais nous nous mettons des carapaces pour ne pas que ce soit perçue par les gens. Il y’a beaucoup d’événements que je subissais quand je sortais et que je partais en soirée ou que j’allais suivre des concerts. Je sentais une tension et je n’arrivais pas à trouver ma place. Le carnet a été salvateur parce que je pouvais le sortir à tout moment, me construire un univers tout en étant avec les autres. Et ce qui est génial c’est que les gens ont commencé à regarder et me demander ce que je faisais. Du coup ça installait un autre rapport que celui qui consiste à se regarder, se jauger, être dans une forme de jugement, là je te montre tout de suite quelque chose de moi. C’est une invitation quelque part à partager un moment sincère ».
Le 4 Novembre prochain, l’artiste présentera son travail lors d’une exposition au sein du Collectif 23. L’occasion de discuter avec lui et de découvrir deux ans de création. Rendez-vous et 23, Rue du Château Landon, on y sera.
Site internet : www.fastoart.com