Comment le 59 Rivoli est-il passé de squat cool à résidence pour artistes embourgeoisés

Au début il y’a l’utopie, celle du trio KGB (Kalex, Gaspard Delanoë et Bruno) qui décide d’occuper un immeuble laissé à l’abandon depuis de longues années par le Crédit Lyonnais. On est en 1999 et les trois copains vont s’engager dans un long combat avec la banque qui sort à peine d’une décennie marquée par plusieurs affaires. Simple coïncidence ou pas, 2005 marque la concrétisation de l’OPA du crédit agricole sur la banque, la création de LCL et le rachat par la mairie de Paris du bâtiment afin de pérenniser l’activité des artistes qui squattent les lieux depuis six ans. Le 59 Rivoli a eu le temps de s’imposer, devenant une référence dans le milieu de l’art contemporain parisien et Jeudi Noir – le collectif qui exploite les lieux – un exemple à suivre. Mais comme souvent, de l’utopie naît la désillusion, le célèbre squat semble s’éloigner de plus en plus de ses idées de jeunesse.

Pour commencer, il y’a eu la fête d’anniversaire des quinze ans du squat qui a eu lieu au Petit Bain dans le treizième arrondissement de Paris. En soit, cela ne pose pas problème même si certains ont eu du mal à comprendre qu’un tel événement se passe hors des murs du 59 Rivoli. Dans un entretien accordé au Parisien en 2015, Gaspard Delanoë se justifiait en déclarant : « le 59 ne peut accueillir que 200 personnes alors que nous prévoyons d’en recevoir 500 ». Le véritable problème, c’est le prix d’entrée, 15€ pour assister à l’événement, cela a marqué en effet le début des critiques. Le 59 Rivoli se serait-il embourgeoisé ? Avant toutes conclusions, nous nous sommes rendus sur place pour discuter avec les artistes et vérifier par nous-même.

De l’extérieur rien n’a changé ou du moins peu de choses. La façade détonne toujours autant des immeubles voisins attirant de façon quasi systématique le regard des passants. L’accès au bâtiment est toujours libre mais mis à part un bon accueil à l’entrée, l’ambiance n’y est pas très chaleureuse. La moitié des ateliers est fermée, les artistes préfèrent s’isoler pour créer, ce qui est compréhensible. Ceux dont dont les portes sont ouvertes sont occupés à écouter de la musique ou à tapoter sur leur smartphone. Il est difficile de discuter et d’en savoir un peu plus sur l’œuvre d’un artiste ne serais-ce qu’une minute, on a très vite l’impression d’être au supermarché, on regarde, on achète et on s’en va. Les artistes qui occupent les ateliers semblent installés comme à la maison et le manque de diversité flagrant interroge sur la sociologie des occupants. Le 59 Rivoli n’est sûrement pas le seul lieu du genre qui ne brille pas pour son ouverture culturelle ou ethnique. A Paris, ces grandes friches ou lieux artistiques sont attribués à des collectifs qui ne sont généralement pas issus de quartiers populaires.

Cela suffit-il pour faire du 59 Rivoli un espace dédié aux artistes embourgeoisés ? L’expérience de quelques uns sur 70 000 visiteurs annuels est elle symptomatique de ce qui est devenu ce lieu ? Une chose est certaine, les critiques de plus en plus nombreuses soulignent avec justesse la fin depuis quelques années de « l’esprit squat » du 59 Rivoli au profit d’un rapport purement mercantile avec les visiteurs…

 

 

 

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