Il y a des chansons qui capturent l’instant. Et puis il y a « Drowning », deuxième titre de Clennon, qui saisit bien plus : un sentiment, une mémoire, une lutte. Originaire de Jamaïque et aujourd’hui basé au Canada, l’artiste livre ici un morceau viscéral, où le personnel devient politique. Avec sa voix douce, presque tremblante parfois, il évoque le poids d’exister en tant que personne queer dans un lieu où l’on vous refuse simplement d’être vous-même.
« Drowning », littéralement « se noyer », n’est pas qu’un mot. C’est une sensation. Celle d’un cœur comprimé sous les vagues du rejet, mais qui continue pourtant de battre avec une dignité tranquille. La production est épurée, atmosphérique, portée par des arrangements subtils qui évoquent à la fois la mélancolie d’un Moses Sumney et l’élégance pop d’un Harry Styles. Et si quelques lignes de basse laissent filtrer des réminiscences dancehall, ce n’est pas un hasard : Clennon n’oublie jamais d’où il vient.
Le clip, réalisé par l’artiste lui-même, prolonge cette quête d’intimité. À l’écran, chaque plan est pensé comme un reflet, une pièce de soi exposée sans fard. Il n’y a ni provocation ni pathos, juste un besoin de dire, de montrer, de respirer.
Dans « Drowning », Clennon ne cherche pas l’approbation. Il dépose simplement un fragment de vérité, brut, honnête. Et c’est précisément cela qui touche – profondément.