Dans le paysage bouillonnant de la soul contemporaine, une voix française émerge avec une intensité rare : celle de Kiara Jones. Derrière ce nom à la musicalité fluide se cache Amy Bop, artiste complète originaire de Sèvres, nourrie dès l’enfance par les vibrations d’un foyer artistique. Une basse paternelle, une plume maternelle, et déjà, la promesse d’un univers où les mots et les sons fusionnent pour dire l’indicible.
Repérée en 2019 grâce à l’émission The Voice, Kiara Jones n’a pourtant rien d’un produit formaté. Elle appartient à cette caste précieuse d’artistes pour qui la musique n’est pas un simple divertissement, mais un terrain d’exploration identitaire. Sa proposition artistique s’inscrit dans la lignée des grandes prêtresses de la neo soul, mais avec une patte bien à elle : des beats électroniques soyeux, une voix qui danse entre fragilité et puissance, et des visuels qui flirtent avec l’afrofuturisme.
Son premier EP éponyme, paru en 2020, posait les bases d’une esthétique feutrée, où l’introspection se pare de textures RnB, d’éclats indie pop et d’influences jazz subtiles. Puis est venu Tada, en 2022, une œuvre qui assume pleinement les racines soul de l’artiste tout en osant des incursions dans un jazz plus libre, presque expérimental. Une réussite critique discrète mais marquante, saluée pour son équilibre entre l’ombre et la lumière.
À travers chaque projet, Kiara semble avancer sur le fil, refusant les étiquettes faciles. En mars 2023, elle livre Body, un EP plus introspectif encore, porté par une production minimaliste et des thématiques universelles : la rupture, la renaissance, l’amour désenchanté. Sa voix y devient presque chuchotement, comme si chaque mot devait être confié plutôt que proclamé.
Mais Kiara ne se contente pas de composer. Elle façonne. Elle imagine, elle filme. Le clip de « Heartless », sorti en 2024, en est la preuve éclatante : un objet visuel léché, où l’émotion se lit autant dans les regards que dans les silences. Kiara Jones y apparaît comme une artiste totale, capable de transcrire le tumulte intérieur en un geste esthétique cohérent.
Sur scène, elle affirme cette identité en mouvement. Des festivals comme Au Fil des Voix ou Décibels Vendanges ont pu mesurer la force tranquille de son charisme. Jamais démonstrative, toujours en justesse. Une performance de sincérité.
En parallèle, elle s’engage pour une visibilité accrue des artistes urbains émergents, notamment à travers sa playlist French Caviar. Une démarche cohérente avec sa volonté de tisser des ponts entre les sons et les générations.
Kiara Jones, c’est cette alchimie rare entre la sensibilité d’une conteuse et la précision d’une architecte sonore. Une artiste à suivre de près, car son univers, aussi doux que tranchant, a tout pour s’inscrire dans la durée. Un groove de l’intime, murmuré à l’oreille de ceux qui savent écouter.