Peter Tosh, de son vrai nom Winston Hubert McIntosh, naît le 9 octobre 1944 à Belmont, en Jamaïque. Figure emblématique du reggae et militant infatigable pour les droits des opprimés, sa carrière musicale fut aussi intense que sa vie personnelle fut tumultueuse. Son assassinat, survenu le 11 septembre 1987, demeure l’un des événements les plus énigmatiques de l’histoire musicale, alimentant spéculations et théories diverses.
Les Débuts : De Belmont à Kingston
Issu d’un milieu modeste, Peter Tosh grandit dans les ghettos de Kingston. C’est dans cette ville qu’il rencontre Bob Marley et Bunny Wailer, avec qui il forme les Wailers. Le trio devient rapidement le fer de lance du mouvement reggae, propulsant ce genre musical sur la scène internationale. Leur musique, mêlant rythmes envoûtants et messages de résistance, résonne profondément auprès des populations marginalisées.
L’Engagement : Musique et Activisme
Au-delà de sa musique, Peter Tosh est reconnu pour son activisme. Il milite pour l’égalité des droits, la justice sociale et la reconnaissance des droits des peuples noirs. Surnommé le « Malcolm X de la Jamaïque », il n’hésite jamais à dénoncer les injustices, que ce soit à travers ses chansons ou lors de ses interventions publiques. Son discours au One Love Peace Concert, où il critique l’hypocrisie des organisateurs, témoigne de son franc-parler et de son refus de se conformer aux attentes.
La Dernière Œuvre : « No Nuclear War »
En 1987, Peter Tosh sort son septième et dernier album studio, No Nuclear War. Cet opus aborde des thèmes de paix et de justice, reflétant les préoccupations de l’artiste à l’époque. Ironiquement, alors qu’il s’apprête à relancer sa carrière, il est brutalement assassiné. Cet album posthume remportera le Grammy Award du meilleur album reggae en 1988, consacrant encore un peu plus son héritage musical.
Le Drame du 11 Septembre 1987
Le 11 septembre 1987, Peter Tosh se trouve chez lui, à Kingston, en compagnie de sa compagne Marlene Brown, du batteur Carlton « Santa » Davis et de l’herboriste Wilton « Doc » Brown. Ce soir-là, trois hommes armés, dont Dennis « Leppo » Lobban, un ancien ami de Tosh, font irruption dans sa maison. Ils exigent de l’argent, mais Tosh leur répond qu’il n’en a pas. Malgré cela, les assaillants restent et torturent Tosh pour tenter de lui extorquer des fonds. Au fil des heures, d’autres amis de Tosh arrivent, dont le disc-jockey Jeff « Free I » Dixon, et sont également pris en otage. Finalement, les assaillants, frustrés, ouvrent le feu de manière indiscriminée. Peter Tosh est abattu de deux balles à la tête. Wilton « Doc » Brown et Jeff « Free I » Dixon succombent également à leurs blessures. Plusieurs autres personnes sont blessées, dont Marlene Brown et Carlton « Santa » Davis.
Enquête et Controverses
Dennis « Leppo » Lobban se rend aux autorités peu après le crime. Lors de son procès, il plaide non coupable, affirmant avoir été en train de boire avec des amis au moment des faits. Malgré ses dénégations, il est reconnu coupable et condamné à mort par pendaison. Sa peine est commuée en 1995, et il reste incarcéré. Les deux autres assaillants n’ont jamais été identifiés publiquement, et leurs motivations demeurent floues. Certains évoquent un règlement de comptes lié à des dettes impayées, tandis que d’autres suggèrent des raisons plus complexes, impliquant des tensions liées à l’industrie musicale et à des projets controversés de Tosh.
Héritage et Reconnaissance
Malgré sa mort prématurée, l’influence de Peter Tosh reste indélébile. En 1993, le documentaire Stepping Razor: Red X offre un aperçu intime de sa vie et de sa musique, utilisant des enregistrements personnels réalisés par Tosh lui-même. Le film est salué pour sa profondeur et sa sincérité. En 2012, Tosh est honoré à titre posthume avec l’Ordre du Mérite jamaïcain, l’une des plus hautes distinctions du pays. La Peter Tosh Square à Kingston abrite le musée Peter Tosh, ouvert en 2016, où des artefacts, dont sa célèbre guitare en forme de M16, sont exposés.
Peter Tosh incarne la fusion entre art et activisme. Sa musique a transcendé les frontières, et son message de justice sociale continue d’inspirer. Son assassinat reste un mystère, mais son héritage en tant que pionnier du reggae et défenseur des droits humains est incontestable. À travers ses chansons et son engagement, Peter Tosh a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de la musique et de la lutte pour l’égalité.