Roger Knox revient avec un projet rare et précieux. Surnommé le « Black Elvis » ou le « Koori King of Country », figure emblématique des communautés aborigènes d’Australie, il signe ici Buluunarbi and The Old North Star, un album de dix titres originaux, portés par une voix intacte, chargée d’histoire.
Dès la piste d’ouverture, McMaster’s Ward, coécrite avec Toby Martin, Knox convoque ses racines : un lieu de naissance au bord de la rivière Mehi, à Moree, ville au lourd passé ségrégationniste. Le violon, le violoncelle, la pedal steel… Tout concourt à une émotion calme mais tenace. L’album prend alors des airs de carnet de route poétique et politique.
La piste 2, Black Tear Tracks, se déploie comme une ballade cinématographique. La guitare délicate, la voix profonde de Knox : on s’imagine au volant, traversant des étendues australiennes, bande-son idéale d’un voyage intérieur.
Puis arrive la piste 9, The Ballad of Dougie Young. Écoutée par hasard, elle frappe par sa dynamique : rythmique enlevée, mélodie accrocheuse, ambiance de saloon d’époque. On est sur la piste de danse, les talons tapent, le cœur aussi. Knox y rend hommage à un autre pionnier aborigène, avec panache.
Prison Wall mérite aussi un arrêt. Harmonica, guitare, narration limpide : on hoche la tête, happé par le storytelling de Knox, comme dans un concert intimiste.
Et pour finir, Boobera synthétise l’ensemble : dépouillement, folk épurée, profondeur. Un adieu tout en douceur à un album qui célèbre la mémoire vivante.