Avec Coughing Up Blood, Micah Rose‑Trespeuch livre un premier album d’une intensité rare, forgé dans l’épreuve et la reconstruction. La mort de son père en 2021, alors qu’il tentait de le réanimer, marque le point de départ d’un projet profondément introspectif. Viennent ensuite une rupture douloureuse et la prise de conscience d’une vie vécue dans la retenue. « Je pensais avoir besoin d’espace pour créer, mais en réalité, je dois créer et faire entrer le reste autour », confie-t-il. Ce besoin vital devient le moteur d’un disque cathartique.
Musicalement, l’album navigue entre pop orchestrale, jazz, rock et influences classiques, reflet de la formation musicale de l’artiste. Le piano, instrument fétiche, y est omniprésent, tantôt délicat, tantôt fougueux. Dans « Demons », il se fait intime, presque sacré, accompagné de cordes sobres et d’une voix grave à fleur de peau. L’épure y sublime la douleur. À l’inverse, « She » propose une structure plus accessible et dynamique, portée par une batterie versatile et des guitares électriques bien placées. Une ouverture vers un public plus large, sans renier la sincérité du propos.
Avec « Hurts », Micah explore le terrain du jazz. Le morceau évoque les clubs feutrés, les grandes voix et le théâtre musical : un duo voix-piano d’une intensité dramatique assumée. La narration, ciselée, captive. Puis « Peace » vient clore le disque dans un murmure qui monte lentement, crescendo sonore perceptible même sur un vumètre. Le piano et la voix, presque silencieux, s’élèvent jusqu’à de hautes notes, comme un dernier souffle libérateur.
Coughing Up Blood est plus qu’un album : c’est un exutoire. Une traversée de l’intime, sans pathos ni grandiloquence. Micah Rose‑Trespeuch y expose ses blessures avec une pudeur bouleversante et une maîtrise artistique déjà impressionnante.